Salut tous ! Ca fait un moment que je ne suis pas passé sur Donaba :)
Je me suis offert le luxe de rédiger une petite chronique de
Paris Conakry sur le site percussions.org, et je voulais vous la faire partager. La voici donc :
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Gbessia Jazz | Paris Conakry (2007)
Tracklisting :
1° Cherri Ndé Bi Ifè (4:49)
2° Sabana Jazz (9:22)
3° Béré Ô Béré (5:00)
4° Djelymadi Faré (3:31)
5° Mr PC (4:08)
6° Sofa Soko (1:54)
6° Fakaba (4:58)
7° Tamalalou (5:28)
8° Nafalan (5:22)
9° M'Boré Fangnyi (4:55)
10° Camara Fola (4:49)
11° Seydou (3:26)
- Mohamed Kouyaté : Kora, Chant, Duns
- Nicolas Fabre (Jobaga) : bugle, trompette, Calebasse, Djembé, Chant, Chœur, Beat box
- Younoussa (Petit) Camara : Djembé, Calebasse, Duns
- Benoit Baud : Sax alto, Sax soprano
- Aminata (Bébé) Bangoura : Chant, Chœur
- Joseph Ruiz : Balafon accompagnement, Sangban
- Djelymadi Conté : Balafon solo, Kenkeni
- Charles Humbert : Contrebasse, Basse
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Je tiens vraiment à vous parler d'un album concept qui est passé un peu trop inaperçu à mon goût, un beau projet qui m'a beaucoup touché.
Sorti en 2007,
Paris Conakry est le fruit d'une collaboration entre quatre musicien Guinéens, issus des ballets de Conakry pour certains et des musique plus traditionnelles pour d'autres, et quatre musiciens Français issus du jazz.
Réunis par la passion de Nicolas Fabre (alias Jozef ou encore Jobaga, schizophrène artistique et polyglotte musical Normand féru de percussions mandingues, trompettiste et pianiste très actif sur la scène jazz de Rouen, chanteur et joueur de goni à ses heures également), ces musiciens forment à eux huit l'âme du projet
Gbessia Jazz.
Il est difficile de coller une étiquette précise pour définir ce qu'a réalisé
Gbessia Jazz. D'un morceau à l'autre ils passent par toute une palette de couleurs musicales qui résulte des vastes influences apportées par chacun des musiciens. De la beatbox au dununba, de la contrebasse au balafon, des envolées de Kora au Rap, des thèmes de cuivres au djembé, cet album est une très belle invitation à transcender les frontières de la langue, de la culture ou des genres musicaux, pour partager une envie : faire de la musique ensemble, tout simplement.
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Des extraits de l'album sont en écoute sur le site internet du groupe :
http://www.myspace.com/gbessiajazz
Vous pouvez
vous procurer le disque au prix de 15€ + 3,10€ de frais de port (pour la france) en les contactant sur
gbessiajazz@yahoo.fr ou au
06 75 25 62 85.
Ce disque est
entièrement autoproduit et n'est distribué que par le bouche à oreilles. La démarche de Nicolas Fabre est de partager équitablement entre chacuns des artistes Ginéens comme Français, les bénéfices que la vente de ces disques pourraient éventuellement générer. Aussi chaque disque vendu pourra aider chacuns ces artistes à mieux vivre de leurs art.
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Pour finir je vous laisse avec un petit texte qui raconte un peu plus en détail l'histoire de
Gbessia Jazz, rédigé par un des membres du groupe :
Lundi 29 janvier 2007, 21h12.
- Bon, Jo, on fait quoi pour le projet « Gbessia Jazz »? On le fait ou pas ? me demande mon ami Nicolas.
Nous suivons l’actualité en Guinée depuis deux semaines déjà, et la situation est préoccupante. Extrêmement préoccupante. Je viens d’annuler mon billet d’avion.
Le peuple se révolte.
Le peuple hurle son désespoir et sa colère dans les rues de la capitale Conakry. Les manifestations qui se voulaient être une marche pacifique contre le régime actuel, contre le gouvernement inefficace du président Lansana Conté, se sont bien vite transformées en bain de sang. Les forces de l’ordre menacent la population, allant même jusqu’à tirer à balles réelles…
Mais les Guinéens iront jusqu’au bout cette fois-ci. Ils sont prêts. Nous aussi, mais pour une toute autre affaire…
Depuis plus d’un an, Nicolas alias Jozef a préparé un projet ambitieux, généreux et symbolique. Cet amoureux du jazz et de la musique traditionnelle africaine a décidé d’unir ses deux passions en un groupe de huit musiciens : quatre français, quatre guinéens. Rassembler deux musiques, deux cultures, deux peuples en un métissage sonore inattendu et amical.
Après bien des batailles, des dossiers, des entretiens, et beaucoup d’appels téléphoniques, l’équipe est prête, les billets d’avion réservés, le matériel quasiment emballé.
Là-bas, c’est la révolution. Le pire peut se produire. Nos familles s’inquiètent au sujet de notre départ.
21h13.
Au téléphone, le silence s’installe. On pèse le pour et le contre. Il faut prendre une décision.
-On le fait, lance Nicolas soudain sûr de lui, on le fait. Cet événement n’est pas anodin, je ne crois pas au hasard. On nous met à l’épreuve, Jo. On doit le faire. Nos amis guinéens comptent sur nous, ont foi en ce projet. On ne pourra peut-être jamais le refaire.
Le train est lancé, on ne peut plus faire machine arrière. On y va.
-Ok.
Je raccroche.
Le lendemain, je suis sur Internet, trouve un billet d’avion pour le 31 janvier : Marseille-Conakry. Je dois préparer le terrain. Je connais bien la capitale. Il faut que je trouve une place pour accueillir notre équipe. On compte sur moi. J’ai trois jours.
Vendredi 23 février 2007.
L’état de siège décrété il y a 20 jours par le président Lansana Conté, suite aux manifestations, touche à sa fin. Quel soulagement pour la population…
Notre enregistrement est enfin bouclé, malgré les tirs de mitraillette qui brisaient le calme de nos soirées quotidiennes et les deux heures d’électricité seulement qui, chaque jour, nous permettaient de mettre les morceaux en boîte.
L’apaisement et la satisfaction nous gagnent peu à peu…
Nous sommes encore loin de réaliser tout ce que nous venons de vivre durant ces trois semaines passées ensemble à Conakry. Cependant, les sourires illuminent nos visages lorsque nous nous remémorons certaines anecdotes de cette riche expérience issue de la rencontre entre nos deux cultures. Et cette récompense là, suffit amplement à panser les nombreuses blessures de ce voyage.
Aujourd'hui.
Nous avons traversé la tempête, surmonté les épreuves. Tous ensemble. Ce ne fût pas facile. Il y eut des tensions, des coups de gueule, des frustrations, des difficultés techniques que notre ingénieur du son, Olivier, sut braver avec patience et efficacité.
Mais qu’est-ce que cela si l’on considère ce que nos amis guinéens ont dû endurer ? Que valent nos tourments comparés aux 36 Km qu’ont parcouru Djelymadi, Mohamed et tous les autres à pieds, en pleine nuit, en cachette, au péril de leurs vie, avec leurs instruments sur le dos, afin d’honorer leurs parole ?!?
Quelle expérience cependant !
Quel souvenir dans nos cœurs aussi, de ces moments de joie, de partage et de complicité !
Aujourd’hui, la Guinée semble se ressaisir. Le gouvernement s’organise. Le peuple attend, plein d’espoir.
L’Espoir.
La Confiance.
Ce disque est la preuve irréfutable qu’il ne faut jamais perdre espoir. Toujours garder la foi, la confiance en l’avenir. Et croire en ses rêves…
Notre rêve s’est réalisé.
L’aventure vient de commencer…
Joseph Ruiz, 15 Avril 2007